Deux textes courts: « Nuit torride en ville » et « Kinta, une histoire de terres promises

Deux textes courts: « Nuit torride en ville » et « Kinta »

– « Nuit torride en ville » -Trevanian, éditions Gallmeister Totem, traduit de l’américain par Fabienne Gondrand.

« Il n’y avait que trois passagers dans le bus en provenance du centre -ville: un homme, une femme et un clochard. »

Une nouvelle terrible ( fascicule offert par les libraires aux Quais du Polar ), dans la nuit torride d’une ville américaine. La rencontre d’un homme et d’une jeune femme. Rencontre qui elle aussi se finira torride et plus que ça.., bien que rien ne se présente sous ces auspices. L’homme, jeune, est entreprenant, la jeune fille, pas très jolie, très timide, va peu à peu se laisser amadouer. Un café, une conversation, elle l’emmène chez elle, il ne sait où dormir. Ils parlent, puis…Ce sont 44 pages où il fait très chaud, où on étouffe en ville, 44 pages tellement bien menées jusqu’au final…J’ai peu lu de Trevanian, il se révèle ici absolument diaboliquement noir.

« Il rebroussa lentement chemin en direction du centre – ville, les mains au fond des poches. Il irait sur la place du marché et il embaucherait comme journalier, après quoi il irait retirer son balluchon à la gare routière et mettrait le cap sur la gare de triage pour monter dans un wagon de marchandise. Peut-être pour la côte Ouest, cette fois-ci.

Au-dessus de la ville, les premières teintes laiteuses de l’aube commençaient à diluer le fond du ciel, et l’air matinal emplissait déjà les narines d’une odeur de renfermé et de poussière.

Une nouvelle journée caniculaire s’annonçait. »


-« Kinta – Une histoire des terres promises » –   Bénédicte Dupré La Tour, éditions du Panseur

« Elle assemblait les peaux par des lanières en boyau. Plus rien n’irriguait ce cuir. Les parasites avaient abandonné depuis longtemps les peaux tannées pour trouver d’autres territoires vivants à coloniser. Elles pesaient sur les genoux de Kinta, inertes et musquées, avec une lourdeur bienveillante, la promesse de passer un hiver sans geler. »

Livre cadeau pour les cinq ans des éditions du Panseur. 

Très beau texte, qui nous raconte Kinta, mariée avec un homme qu’elle n’aime pas, enceinte. La vie de Kinta est ébauchée, ainsi le fait que la tente lui appartient, et qu’elle va rejeter le père de son enfant, la sensualité très présente, les odeurs, les sensations tactiles. La place majeure de la grand-mère, l’échappée en forêt et une rencontre qui changera la vie et le cœur de Kinta. 

« Elle se souvint du chemin de la cabane. Elle se souvint de l’odeur de l’homme blanc. Il était là, à tanner des peaux, comme une femme: aucun guerrier ne s’y serait abaissé.

L’homme-bête était assis sur une bille de bois, à gratter les chairs des fourrures graisseuses. À son approche, il leva la tête et lui sourit. Il s’y prenait mal pour dépecer les bêtes. Ses gestes étaient grossiers, il allait trop vite sans honorer les animaux tombés sous ses coups. »

Un texte à rebours des préjugés, une histoire d’amour bouleversante. Beau cadeau que ce petit texte.

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